19 mars 2024

Amitié France Madagascar

Association loi 1901 d’Intérêt général

Programme Tsinjo Aina

TSINJO AINA

Le terme malagasy « Tsinjo Aina« peut être traduit par « Sécuriser la vie par la prévention ».

C’est le nom du Programme réalisé en collaboration avec différentes organisations partenaires locales.

Ce programme vise, à long terme, l’autopromotion des acteurs organisés à la base, leur permettant de prendre leur destin en main. A court terme, le programme encourage paysans, ouvriers, et personnes exerçant des petit métiers à se libérer par leur propre force du joug de l’endettement chronique provoqué par l’usure.


Les problèmes à résoudre

Au cœur du problème se situe l’endettement chronique.

Par endettement, nous comprenons le fait qu’en cas de difficultés (période de soudure, cas de maladie, rentrées scolaires, autres), la majorité de la population est obligée de contracter des emprunts en riz et/ou en argent auprès de prêteurs informels moyennant des taux d’intérêt très élevés: 200% à 300 %.
Le paiement d’intérêts exorbitants provoque des manques à gagner importants par foyer. Paysans, ouvriers, petits fonctionnaires et petits métiers se ruinent à travers cette pratique, qui est devenue chronique par sa logique même: une fois pris dans le piège, un cercle vicieux s’ouvre et qui tire vers le bas: un crédit informel entraîne nécessairement le prochain, et l’issue ne paraît pas évidente.
Et pourtant, sans désendettement complet et durable, aucun développement n’est possible.
L’endettement chronique touche régulièrement une majorité de la population, à la campagne comme dans les villes. Et ceci à un degré important- les pertes subies entraînent nécessairement des conséquences désastreuses, en matière économique et sociale. La pire de ces conséquences est la perte de la rizière (ou de la terre productive en général, y inclus les vergers) donnée en caution pour le prêt, ainsi que du bétail et des équipements, transformant le paysan indépendant en métayer, locataire de terre ou ouvrier agricole – s’il n’est pas contraint à l’exode rural.

Mais bien que source de pertes la plus importante, l’endettement chronique n’est pas le seul mécanisme à ronger les ressources créées par les acteurs.

En milieu paysan, deux autres mécanismes renforcent (ou accélèrent) le cercle vicieux qui tire vers le bas:

  • La vente de riz, suivi du rachat de riz
  • Le métayage.

Pour le système vente/rachat de riz, les faits sont simples : une majorité des riziculteurs, même si leur propre production ne suffit pas pour se nourrir toute l’année, vendent du riz après la récolte (à prix très faible pour se procurer des Produits de Première Nécessité). Puis ils rachètent (à prix fort, souvent plus du double) du riz en période de soudure.

Le « métayage » est répandu dans les grands périmètres rizicoles : la moitié de la récolte appartiendra au propriétaire de la rizière.

Nombreux sont les paysans qui subissent une double ou même une triple perte, provoquée par l’usure, le système vente/rachat de riz et le métayage et le cumul de pertes significatives bloque toute perspective de développement.


La solution proposée

La lutte contre l’endettement chronique et les autres pertes de paysans, ouvriers, fonctionnaires et petits métiers se base sur la mobilisation du potentiel des acteurs organisés eux-mêmes.

Au travers d’une épargne commune constituée de diverses manières (cotisations individuelles, champs communs, travaux communs, entraide rotative), les groupements de 10 à 25 membres se dotent d’une arme puissante d’autodéfense: en cas de besoin (manque de nourriture, maladies, frais de scolarisation), les membres en difficulté peuvent bénéficier d’un crédit interne, au lieu de devoir s’adresser à un usurier.
Ce crédit interne sera remboursé suivant les normes fixées entre les membres du groupement: avec très peu d’intérêt ou même sans intérêt. De cette manière-là, des pertes sèches et des manques à gagner importants sont évités, ce qui signifie un grand pas en avant dans la lutte contre la pauvreté.

Dans tout ce processus, les paysans organisés en groupements n’engagent que leurs propres moyens: ils gèrent de manière autonome leur épargne commune ainsi que le crédit interne.

Toutes les règles du jeu sont fixées dans un « Règlement Intérieur » établi entre les membres et facilement adaptables à d’éventuels changements.

L’accompagnement de cette action de base par les projets est logiquement d’ordre non-assistentiel: il consiste en informations, formations et conseils (ni crédit externe ni subventions directe externe), dépensés dans le cadre d’une animation conséquente. Une « Trousse à outils Tsinjo Aina » facilite la mise en œuvre à tous les niveaux.


Ci dessous, des groupements de paysans consolidés et opérationnels :


Les valeurs prioritaires de Tsinjo Aina

    • Les familles actives dans le Programme Tsinjo Aina sont capables d’orienter et de gérer leur développement de manière auto responsable et compétente.
    • L’organisation en « Groupements d’épargne commune » et en « Réseaux de groupements » est devenue un acquis durable, dynamisant les « Fokonolona » (Communautés de base).
    • Les efforts communs (épargne commune, champs communs, entraides, et activités communes) ont permis de se libérer de l’endettement chronique par ses propres forces, et de renforcer la paix sociale et la sécurité au sein des Communautés de base.
    • En milieu rural, la souveraineté alimentaire locale est le fil conducteur. Les paysans produisent sur leurs terres sécurisées, l’intensification et la diversification de la production agricole – basées sur un système solide de subsistance – permettent d’éradiquer la soudure et de faire face aux différents chocs.
    • Les membres engagés dans Tsinjo Aina sont des citoyens actifs et responsables, ayant acquis les droits civiques de base (actes de naissance, cartes d’identité nationale), et ils sont souverains dans leurs décisions politiques.

L’association Tsinjo Aina a été créée voilà plus de quinze ans par le Père Julien RAZANADRAKOTO, décédé en 2019.

Père Julien RAZANADRAKOTO


Depuis 2014, notre chef de projet local, Benja ANDRIAMANALINA en est le Président

Benja Andriamanalina, Président de Tsinjo Aina

 

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1 thought on “Programme Tsinjo Aina

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